Ma vie à Barcelone : le bilan des six mois

Le 7 juillet dernier, j’arrivais à Barcelone pleine d’enthousiasme et d’entrain pour y construire ma nouvelle vie. 6 mois plus tard, l’heure est bilan ! Entre ma nouvelle vie professionnelle, amoureuse, les attentats, la question indépendantiste, j’en ai des choses à vous écrire !

Juillet

A peine arrivée, je dois emménager. Ma soeur a heureusement fait les visites (et essuyé de multiples refus) à ma place. Les papiers se font rapidement, monter les cinq étages avec toutes mes valises est une autre affaire, mais on le fait avec ma sister. Ca y est : j’ai mon chez-moi dans mon quartier préféré. C’est bruyant, mal isolé, peu lumineux, mais je m’en fiche : je suis à Barcelone, dans la ville de mon coeur, et c’est tout ce qui compte.

Je commence mon stage de fin d’études. Très vite, j’ai beaucoup de choses à apprendre, des responsabilités, des projets. Je rentre épuisée, la tête qui bouillonne. Mais j’aime ce que je fais et je me sens bien. J’ouvre mon compte bancaire, je me lève à 4h du matin pour faire mon NIE… Les démarches administratives me font prendre conscience que ça pourrait être pour de bon. Pour la première fois depuis des mois, je sais que je suis au bon endroit.

A Barcelone, il fait vite une chaleur de bête : humide, plus de 30 degré, on sue et on étouffe. La clim devient notre meilleure amie. Les plages et les rues se remplissent de touristes. Je commence vite à râler comme une espagnole : trop de touristes !

Août

La chaleur se calme un peu avant de revenir. A mon stage, les choses s’enchaînent et s’intensifient. Toujours aussi passionnée. Je commence à me construire de nouvelles amitiés, à raviver celles que j’avais eu en Erasmus. Je reçois plein d’amies : l’occasion pour moi de visiter à fond la ville et de découvrir de nouveaux endroits. Mon espagnol remonte en flèche, tout comme ma cote de popularité auprès des étrangers !

Le 17 août 2017

Je suis au travail quand je reçois un sms d’une amie journaliste « Estelle, dear, everything is ok? ». Je ne comprends pas. Puis les messages affluent et le mot « attentat » sort de la bouche de mes collègues. Je rassure mes proches. Je m’informe. Je tente de comprendre mais ma tête bourdonne. Y a-t-il vraiment une voiture qui vient de foncer sur la foule dans les Ramblas et de tuer des douzaines de personnes ? Dehors, les sirènes incessantes et les hélicoptères confirment le pire. Une amie arrive ce jour-là pour voir ma soeur : au dernier moment, elle prend la sortie Arc de Triumf au lieu de Catalunya. Nous tremblons.

Ce soir-là, je sors à 21h du travail, obligée d’y rester à cause de l’incertitude et d’un barrage de policier forcé non loin pas une voiture terroriste. Les rues sont vides. Tout est fermé. J’ai mal au ventre, je suis perdue. Je ne pleure pas, mais je ne réalise pas encore. Je suis sous le choc. Ma Barcelone, ma ville chérie, blessée par des tarés. Des vies fauchées, comme ça. Enfants, parents, jeunes, grands-parents. Sur un des points centraux de la ville, l’un des plus visités. Celui où j’ai dû le plus aller. J’étais sur les ramblas le weekend d’avant. J’ai fait le même chemin que la voiture bélier. Attendu ma meilleure amie à Liceu, là où elle s’est arrêtée. A deux jours près, ça aurait pu être moi.

Je ne suis allée sur les Ramblas que quatre jours après. Je ne voulais pas remplir une curiosité morbide, je ne me sentais pas prête. Même sur place, la terreur muette m’a envahie. Je n’ai pu que marcher, silencieuse, et pleurer en tenant la main de mes amies.

Septembre

Barcelone se remet doucement de ses émotions. La chaleur est toujours présente. C’est encore l’été.

La question indépendantiste jaillit de nouveau : grèves, drapeaux, tensions. Les médias exagèrent l’ampleur du phénomène et des proches inquiétés me contactent. A part des concerts de casserole tous les soirs à 22h et une guerre des drapeaux (indépendantistes VS unionistes) aux balcons, la situation n’est pas si mal.

Ma soeur est partie, et je me retrouve seule. Pour la première fois, je réalise à quel point je vis dans une grande ville. Seule au milieu de millions d’habitants. Je fais des rencontres qui n’aboutissent pas. Je peine à voir mes ami(e)s. Mais le moral est toujours là malgré tout, car Barcelone a le don de me guérir, avec ses coins cachés, ses pépites gourmandes, et ses nombreux événements culturels qui me poussent à sortir. Quand je suis seule, je sors avec ma caméra et je déambule à la recherche de coins à capturer. Je rencontre d’autres françaises à Barcelone et réalise qu’en cas de blues, j’ai toujours une communauté sur qui compter.

Octobre

Le 1er octobre, c’est la folie. Du moins, dans les médias. Je passe la journée en famille et en évitant les zones à tension, nous ne voyons rien : pas de foule, pas d’émeutes, rien. Juste des camions blindés qui passent à toute vitesse, et les images de violence sur les votants sur les réseaux sociaux. Je suis énervée, triste et blasée. Toute cette histoire d’indépendance n’affaiblit pas mon envie de rester, mais jette une ombre sur ma possibilité de carrière. Comment cela va-t-il se finir ? Je continue de vivre au jour le jour et les choses se tassent malgré les concerts de casseroles qui continuent tous les soirs.

Les températures sont toujours au beau fixe, et je m’offre même le luxe d’une boat party. Je vis le rêve barcelonais : tee-shirt et jambes nues en octobre, sorties entre amis, déambulations caméra à la main et une tonne d’activités chaque soir et fin de semaine. Ma vie française ne me manque absolument pas, même s’il est parfois compliqué d’exprimer certaines choses en espagnol (comme lorsque j’ai dû régler des problèmes d’électricité…) Je « rencontre » l’administration espagnole et me rend compte que c’est même pire qu’en France. Me voilà ravie !

Novembre

Alors que les premières semaines sont douces, le froid s’installe brutalement vers le milieu du mois. Je ressors mes manteaux, écharpes et même gants. Je n’ose pas me plaindre : en France, le mauvais temps est là depuis octobre au moins. Malgré une rude adaptation (je n’étais plus habituée après presque 4 mois d’été !) je contemple avec ravissement l’arrivée de l’automne à Barcelone.
Je commence enfin à me créer une routine, à me projeter, à avoir un cercle d’amis : mon temps d’adaptation et d’acclimation s’efface enfin. Je voyage beaucoup les weekends (France, Valencia, Lisbonne) et Barcelone finit par me manquer. Mon chez-moi, c’est là-bas. Ici.

Décembre

Décembre ne fait que commencer, mais il s’annonce déjà prometteur. Entre nouvelles perspectives professionnelles et personnelles, mon avenir se dessine progressivement, et il se dessine ici.
Je n’avais déjà pas de doute en arrivant, j’en ai encore moins 6 mois après : Barcelone, c’est la ville où je veux vivre et rester. La différence de langue ? Je ne l’ai presque plus. La différence de culture ? Je suis baignée dedans depuis l’enfance. Les amis ? Même si mes meilleures amies ne sont pas à mes côtés et me manquent, je m’en fais chaque semaine de nouveau (amis) ici. La vie sentimentale ? Je n’ai pas été épargnée ces derniers mois, mais je me laisse le temps de vivre ce que j’ai à vivre. Car avant toute chose, mon coeur est pris par la ville. T’estimo Barcelona.

13 réponses à “Ma vie à Barcelone : le bilan des six mois”

  1. Line Mourey dit :

    Waouh, je suis passée à Barcelone le temps de quelques semaines il y a qlq années et ton article me replonge la-bas… Les odeurs, les bruits, tout remonte, c'est drôle !
    https://la-parenthese-psy.com/

  2. Merci pour ton commentaire Line, je suis ravie que mes mots te fassent vivre de bons moments vécus à Barça ! Belle soirée, Estelle

  3. Pauline dit :

    Ca me fait tout bizarre de lire cet article puisque bientôt ce sera moi et à Madrid. J'ai hâte de découvrir cette nouvelle vie, tu m'as vraiment donné envie!
    La bise,
    Pauline

  4. Super ton article, c'est très intéressant de lire ton ressenti à travers les mois 😉
    Et d'ailleurs, je ne suis jamais venue à Barcelone en hiver, mais je vais le faire cette année 😉 Des idées de sorties à me proposer ?
    Ou tu feras peut-être un article dessus 😉

    A bientôt,

    Rachel de http://plumedepivoine.com/

  5. fconic dit :

    Coucou ! Je ne suis jamais aller à Barcelone mais je rêve d'y aller !! Tes photos sont au top et ça me donne encore plus envie de voyager là bas 🙂
    Bisous !

    mon blog : http://www.fconic.com

  6. Joyful Dreams dit :

    Intéressant et émouvant ton article ! Tu as du courage pour être partie dans un pays différent de la France, je pense que je ne pourrais absolument pas. Le seul pays où je pourrais déménager c'est l'Angleterre, car je trouve qu'il y a beaucoup plus de similitude avec la France haha.
    En tout cas très bel article 🙂

  7. Oh ! Bon déménagement à Madrid alors, j'espère que tout ira bien 😉

  8. Coucou ! Merci pour ton commentaire 😉 Moi au contraire, l'Angleterre ne me donne pas trop envie : pas fan de leur gastronomie et il fait bien trop froid et pluvieux haha !
    Bises

  9. Merci pour ton commentaire :-*

  10. Coucou Rachel, merci pour ton commentaire ! 🙂 Je vais en effet faire un article sur les idées de sorties à Barcelone, mais je peux t'en donner déjà en MP :-*

  11. AuroreVoyage dit :

    Très joli bilan. C'est parfois difficile de suivre son coeur, mais ça vaut le coup.
    Je me disais quand tu as parlé de l'attentat que je ne m'en rappelle même pas, et a suivi " il y en a eu tant" … quelle tristesse :'(
    Belle journée

  12. Merci pour ton commentaire Aurore. Oui, il y en a eu tant depuis, et même le lendemain, il y avait eu celui de Cambrils et on en parle à peine… C'est si dur.

  13. Lady Zorro dit :

    Hello ma belle 🙂

    Ravie d'avoir découverts ton blog!
    Tu es toujours sur Barça ou tu es rentrée sur Nantes?

    Bisous!
    Sarah
    http://ladyzorro.fr

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