L’amitié adulte, on en parle ?
En voici un sujet « lifestyle » et presque intime qui fait tâche ici. J’ai écrit très peu de fois à cœur ouvert ici, et toujours sur des sujets qui me concernent, mais j’ai envie avec ce renouveau du blog de creuser des sujets qui me touchent et dont je parle avec mes amies. Des sujets qui peuvent vous parler, et sont presque des étapes à passer dans notre génération de jeunes trentenaires.
L’amitié en est un. Un grand sujet. Alors qu’à l’adolescence ou les débuts de ma vingtaine, j’étais plus préoccupée par des peines de cœur, aujourd’hui, je peux vous dire que ce sont les peines d’amitié qui ont pu le plus me blesser. Et le pire, c’est que je ne suis pas la seule. C’est en discutant avec des copines à ce sujet que je me suis rendue compte que garder des amis adulte, et bien c’est dur. Surtout, on peut vivre des peines ou des « ruptures amicales » vraiment douloureuses, et quand on sait à quel point il est plus dur de se faire de vrais amis à partir d’un certain temps, ça fait encore plus mal. C’est fou d’ailleurs, car alors même que j’avais cet article en tête, Marie Lopez a sorti cette vidéo où elle parle justement des déceptions amicales et évoque les mêmes sentiments que j’ai ressenti.
Alors dans cet article, j’ai envie de vous parler de l’amitié adulte comme j’en ai parlé avec mes amies. Pourquoi est-ce que c’est si dur de trouver de vrais amis, des personnes sur qui compter et que l’on peut garder dans sa vie, passé un certain âge ? L’amitié à 30 ans, ça ressemble à quoi ? Pourquoi les peines amicales sont-elles si douloureuses ? Et quelles sont les leçons que l’on tire de tout ça ?
Une rupture amicale est aussi douloureuse qu’une rupture amoureuse
Le 31 décembre 2021, j’ai vécu une rupture amicale qui m’a sérieusement chamboulée. Une de mes meilleures amies de la fac a décidé de couper les ponts avec moi, avec comme moyen un seul message Whatsapp auquel j’ai immédiatement répondu mais qui est resté sans réponse. Cela faisait suite à des mois de communication compliquée et certaines déceptions, mais en tant que grande optimiste, j’étais sûre que cela pouvait se régler en parlant à cœur ouvert. J’avais tort. Sa décision était catégorique et sans retour en arrière pour elle.
J’ai reçu ce message comme un coup au cœur, et j’ai eu du mal à dormir et être sereine les semaines qui ont suivi. Une page de ma vie s’est tournée sans que je le veuille. 9 ans d’amitié envolés en fumée, cela a été très dur à accepter.
En 2023, j’ai aussi vécu une autre rupture amicale, quoique différente de la première, mais tout aussi bizarre. Des retrouvailles étranges à Chicago avec cette amie d’Erasmus que je considérais à un certain moment comme l’une de mes meilleures amies, et puis de nouveau le silence car « je préfère me concentrer sur moi, et entretenir des relations à distance c’est fatiguant moralement pour moi ». J’ai voulu comprendre, j’ai compris en partie je crois, mais je suis quand même blessée de cette relation qui était si belle à un moment donné et qui prend fin par manque d’intérêt.
L’art de garder ses amis malgré la distance et le temps qui passe
J’ai personnellement presque toujours eu des relations à distance. Amoureuses ou amicales.
J’ai déménagé 14 fois, alors me faire des amis et surtout les garder n’a pas été évident. Beaucoup sont passés en éclair dans ma vie, d’autres sont passés puis revenus, et une poignée est restée. On ne se parle pas tous les jours, on ne se voit pas souvent, mais malgré les années qui passent, cette poignée d’amis éparpillée aux quatre coins de la France et du monde constituent des piliers de ma vie.
J’ai toujours été envieuse de ces personnes qui ont des groupes énormes d’amis d’enfance, avec qui ils ont fait les 400 coups de la maternelle au lycée. Moi, chaque ami représente une période de ma vie : l’école primaire, le lycée, l’université, mes Erasmus, mon premier job, mon blog… Comme si de chaque grand chapitre de ma vie, seule une ou deux personnes restait à mes côtés comme ambassadrice de cette époque.
J’ai toujours été de celle qui est dans l’action pour entretenir une relation. Je sais que je suis souvent la première à appeler, envoyer des messages, proposer des rendez-vous… Je crois qu’une partie de moi a peur que si je n’entretiens pas ces relations, on m’oubliera et on m’abandonnera. Je dois aussi garder des traces de ce harcèlement au lycée que j’ai vécu et qui m’a sérieusement traumatisée.
Mais j’aime aussi ça, bien entendu. J’adore passer des moments avec mes amis, sortir de chez moi, leur rendre visite, faire des plans ensemble et créer des souvenirs. Ma nature extravertie fait que ces moments entre amis me nourrissent, me donnent de l’énergie et de l’amour pour avancer. Au contraire, je sais que la solitude m’affecte particulièrement.
Oui, c’est des efforts de conserver ses amis avec la vie active, le boulot, la distance, les longs mois ou années sans se voir. Ça l’est pour tout le monde. Je pense que c’est pour ça que c’est compliqué, quand tu habites loin de tes amis, de conserver certaines relations. J’ai moi-même du mal parfois, et je sais que je ne suis pas toujours une bonne amie pour ça. Mais je sais aussi que les personnes qui restent dans mon entourage et que j’ai la chance de considérer comme mes amis ont été choisis. Un choix mutuel, empreint de travail de chaque côté, d’amour et de respect, qui m’apporte tellement au quotidien.
Hello, tu veux être mon amie ?
Je travaille à la maison avec mon conjoint depuis 4 ans. Je fais deux hobbies, le yoga et la couture, et je voyage pas mal. Et je me rends compte que les opportunités de me faire de nouvelles amies deviennent de plus en plus rare.
Je dramatise sûrement, puisqu’avec l’arrivée d’un bébé j’aurais sûrement de nouvelles opportunités prochainement. Mais quand bien même : se faire des copines est bien différent de se faire des amies. Encore moins de très bonnes amies (ou amis), des personnes avec qui on peut vraiment se confier, se sentir en confiance, et garder dans sa vie plusieurs années.
Je n’ai jamais eu de mal à sociabiliser, aller vers les gens, et vite me faire de nouvelles copines. J’adore rencontrer de nouvelles personnes, découvrir leur vie et leur faire découvrir la mienne si je me sens à l’aise. Mais ce sentiment peut vite être éphémère. On peut faire deux cafés avec quelqu’un et croire que cette personne sera une super amie, et très vite déchanter quand on voit les mois passer et la relation s’étioler.
J’ai souvent très vite donné ma confiance aux gens, et de plus en plus, c’est compliqué de le faire. Parce que mes espoirs sont hauts, parce que j’adore me lier à des nouvelles personnes, et que la déception est grande quand je me rends compte que la relation est intéressée, ne mènera nulle part, etc.
Ces dernières années, j’ai souvent été déçue par des nouvelles copines qui ont arrêté de prendre des nouvelles du jour au lendemain, ou au contraire, j’ai moi-même décidé de mettre fin à des relations en me rendant compte que ces personnes ne partageaient pas mes valeurs ou étaient tout simplement toxiques.
Quand on atteint la trentaine ou qu’on l’approche, je pense que nos attentes sont hautes. On a un passé bien rempli, avec de nombreuses joies et déceptions amicales, et on est d’autant plus exigeant sur les nouvelles têtes qu’on rencontre. Même si on est de nature sociale et extravertie comme moi, donner à ces nouvelles têtes le statut « d’ami » ou encore de « très bon ami / meilleur ami » relève d’un parcours souvent long, et rare.
Et j’ai remarqué en en discutant autour de moi que cette sensation n’est pas rare. Notre génération de jeunes trentenaires, surtout des expatriés comme moi, a du mal à se faire de nouveaux amis, des personnes de confiance sur lesquelles ils ou elles pourront compter. Déjà, quand on vit loin de chez soi, on se coupe d’une partie d’un cercle familial et amical, mais surtout, ce n’est pas toujours facile de se faire des amis. Barrière de la langue pour les locaux, communauté petite pour les expatriés de la même patrie… Et bien sûr, la digitalisation de nos métiers et le travail à la maison n’aide pas à nouer de nouvelles relations.
Ok, mais on fait quoi alors ?
Je ne suis pas coach de vie et encore moins l’exemple à suivre en termes d’amitiés ! Cet article, c’est juste un écrit spontané de mes expériences et de mon ressenti, sur ce sujet qui est si cher à mes yeux.
Je n’ai pas de solution miracle, et je navigue comme tous je pense dans mes relations amicales avec les mêmes attentes, espoirs et déceptions que tout le monde. Je pense cependant avoir développé ces dernières années deux mécanismes que j’applique fréquemment.
Un, on élimine les personnes toxiques. Très vite. Depuis mon harcèlement, j’ai développé un vrai sens de protection en ce sens, et dès que je sens que la personne en face de moi ne me correspond pas, ne correspond pas à ce que je cherche en un(e) ami(e) ou veut profiter de moi…. Goodbye.
Deux, on prend soin des siens. Perdre ma meilleure amie à 21 ans d’un cancer m’a sûrement forgé dans ce sens. Et les récentes ruptures amicales vécues n’ont fait que renforcer ce sentiment. Mes amis, même si je ne les vois pas souvent, même si on habite loin, même s’il y a le boulot, même si… j’essaie d’en prendre soin. Ce sont des personnes qui comptent pour moi, avec qui j’ai partagé des moments uniques, de bonheur, de rigolade, de découverte, de peines et de joies, et pour ça, je veux être là pour eux / elles. C’est cliché, je sais, mais « la vie est courte ». Et on ne donne jamais assez aux personnes qui nous le rendent bien.